Comme courtier qui vit et respire l’immobilier à travers le Québec chaque jour, je peux te dire une chose : les prochaines élections municipales de 2025 vont avoir un impact majeur sur notre industrie.
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a récemment publié une série de recommandations destinées aux candidats municipaux, et ce qu’elle propose touche directement au cœur de la crise du logement que nous vivons tous.
Selon la SCHL, le Québec doit construire près de 100 000 nouveaux logements par année jusqu’en 2035 simplement pour rattraper la demande. C’est un chiffre colossal, et cela ne se réalisera pas sans une action municipale forte et structurée.
Voici comment je vois la situation sur le terrain.
Les infrastructures : le vrai goulot d’étranglement
Je l’ai vu trop souvent. Les projets sont prêts, le financement est en place, les promoteurs veulent bâtir, mais les villes ne peuvent pas délivrer les permis parce que les infrastructures d’eau ou d’égout ne suivent pas.
L’APCHQ a raison de demander des investissements massifs dans les infrastructures de base. Sans ces investissements, il n’y a pas de croissance possible. Si les municipalités passent à l’action, plusieurs marchés suburbains et régionaux pourraient enfin s’ouvrir à de nouveaux projets multirésidentiels et à usage mixte.
C’est là que se trouvent les prochaines opportunités.
Les délais de permis : le temps, c’est de l’argent
Chaque semaine de délai coûte cher aux développeurs et aux propriétaires et peut même faire tomber des transactions. L’APCHQ souhaite que les municipalités modernisent leurs systèmes de permis et se fixent des objectifs de performance clairs.
Dans le marché actuel, la prévisibilité est essentielle. Des approbations plus rapides signifient des projets qui passent plus vite du plan à la réalité, une meilleure absorption, de meilleures conditions de financement et, au final, un meilleur rendement pour les investisseurs.
Comme courtiers, nous devons pousser dans ce sens, parce que quand le processus avance, tout le monde en bénéficie.
Les redevances et l’abordabilité
Un autre enjeu majeur concerne les redevances de développement. Ces frais ajoutent souvent des centaines de milliers de dollars au coût d’un projet, ce qui a un impact direct sur l’abordabilité.
L’APCHQ propose une pause ou une réduction de ces redevances. Si cette mesure est adoptée, elle pourrait influencer à la baisse la valeur des terrains et rendre la construction neuve plus viable, surtout dans les centres urbains où les marges sont déjà minces.
Cela permettrait de rééquilibrer l’économie des projets pour les développeurs et les investisseurs à long terme.
Densification et accès à la propriété
L’association invite aussi les municipalités à utiliser pleinement les outils du projet de loi 31 pour favoriser la densification.
De mon point de vue, c’est là que la vision rejoint l’exécution. Une densification intelligente autour des transports, des artères principales et des pôles d’emploi crée des communautés plus fortes et une valeur durable.
Cela ouvre aussi la porte à la requalification d’immeubles vieillissants et de terrains sous-utilisés, des occasions que les investisseurs à long terme doivent anticiper dès maintenant.
Le virage vers la construction durable et résiliente
On ne peut plus l’ignorer. La durabilité n’est plus une option.
L’APCHQ réclame des incitatifs financiers pour encourager la construction et la rénovation écoénergétiques, à faible empreinte carbone et plus résilientes.
Le marché récompense déjà les immeubles qui respectent ces critères avec de meilleures conditions de financement, des coûts d’exploitation plus faibles et une meilleure liquidité à long terme.
C’est clairement la direction vers laquelle se dirige le capital institutionnel. Ceux qui s’alignent dès maintenant seront les premiers à bénéficier du prochain cycle.
Plus de prévisibilité sur les zones inondables
Un autre point très concret, mais souvent sous-estimé, concerne la mise en œuvre de la nouvelle cartographie des zones inondables. L’APCHQ demande que cette transition se fasse de manière claire et prévisible.
Quiconque a déjà vécu une transaction où la désignation d’une zone inondable change en plein processus de vérification sait à quel point cela peut tout bouleverser.
Une meilleure prévisibilité signifie des analyses plus fiables, un financement plus fluide et moins de mauvaises surprises pour les vendeurs et les acheteurs.
Mon point de vue
Le message de l’APCHQ est clair. Les municipalités sont en première ligne de la crise du logement.
Les décisions en matière d’infrastructure, de permis, de fiscalité et de planification vont déterminer à quelle vitesse nous pouvons combler le déficit d’offre et où le capital s’investira dans les prochaines années.
Comme courtier qui travaille chaque jour avec des développeurs, des prêteurs et des investisseurs institutionnels, je le vois clairement : quand la politique publique s’aligne avec l’exécution privée, la création de valeur suit.
Si les villes décident d’agir avec courage et vision, le Québec pourrait entrer dans l’un de ses cycles immobiliers les plus dynamiques des dernières décennies.